[BG] Kesthrel Heskia

Nom : Heskia
Prénom : Valandra'Kesthrel
Lieu de naissance : (village des elfes noirs)
Date de naissance : (elle a 18ans âge humain)
Apparence physique : Longs cheveux de cendre, souvent coiffés en queue de cheval. Ses yeux sont d'un gris froid, mais très expressifs. Elle possède une fine bouche aux tons bleus nuits, et sa peau est d'un gris perle élégant. Plutôt grande et très mince, ses membres sont longilignes et sa silhouette élancée. Elle possède une voix relativement grave pour une femme, mais mélodieuse, et son rire résonne comme le chant d'un oiseau. Souple et rapide, elle se meut avec légèreté et discretion.
Caractère : Kes' est d'une nature impulsive. Son calme s'envole aussi vite qu'une nuée de corbeaux, et certains sujets la mettent dans une rage folle. Lorsqu'elle se sent en confiance, elle est capable de tendresse et d'amitié, même d'amour. Rire lui est très agréable, lorsqu'elle en a l'occasion. Elle méprise les elfes, comme il se doit, et n'a qu'une indifférence teintée de respect pour les humains. Sa fierté n'a d'égale que son incapacité à montrer ses sentiments à autrui, même à l'homme qu'elle aime. On ne saurait priver Kesthrel de sa liberté, et c'est ce à quoi elle tient le plus.


Souvenirs :



La cloche sonnait. Je n'aurais pu dire d'où elle venait, à ce moment là. Mes yeux étaient fixés sur le Tetriarche, qui me parlait d'une voix lente et basse.
L'entraînement était terminé pour moi ce jour là. Je suivis mon supérieur jusque dans le temple, esquissant une rapide prière à Shilen au passage. Il me mena dans une salle, qui avait l'air d'un bureau, me commandant de m'asseoir et d'attendre là. Je m'exécutais, sortant ma dague et l'aiguisant pour passer le temps.
Au bout d'un moment qui me parut interminable, quelqu'un entra dans la pièce, recouvert d'une ample cape à capuche. Je rangeais mon arme, me levais respectueusement. Je savais de qui il s'agissait. M'agenouillant, je prononçais à haute voix :

- Bienvenue chez les vôtres, Mère...

Elle abaissa son capuchon, me découvrant un visage jumeau au mien. Seul son regard démontrait l'expérience que je n'avais pas.

- Ma fille... relèves toi. Laisses moi te regarder, Valandra.

Si j'avais pu, j'aurais craché au sol de dégoût. Pourtant, je la laissais m'observer, sans rien dire, le regard fixe, les membres raidis. J'aurais voulu lui crier que je ne voulais pas du nom qu'elle m'avait donné, le sien. J'aurais voulu lui hurler que si elle avait voulu avoir le droit de me nommer ainsi, il aurait fallu qu'elle ai le courage de m'élever !

Pourtant je me tus, admirant avec curiosité, malgré moi, le beau visage de ma mère que je voyais pour la première fois. On m'avait dit qu'à ma naissance, elle avait du me laisser à une nourrice pour partir guerroyer au loin... je n'en croyais pas un mot. Je savais par beaucoup que l'amour maternel n'était pas sa qualité première. J'avais donc été élevée par une nourrice depuis mon plus jeune âge, qui, en privé seulement se montrait affectueuse, mais au moins l'était. Elle m'avait donné le nom de Kesthrel... et voilà que ma mère ressurgissait, après 180 années de vie, en revendiquant mon éducation, et me renommant de son nom par la même occasion ?

Complètement immobile, je bouillais à part moi. J'avais envie de la frapper, de lui faire payer la honte qu'elle m'infligeait. Mais le respect de mes aînées dans lequel j'avais été élevée me fit taire.
Elle termina de m'examiner, arborant un air hautement satisfait.
Puis elle se détourna, ôtant sa cape de voyage, avant d'annonçer d'une voix égale :

- Ma fille, je reviens ici dans le dessein de te marier.

Mon coeur manqua un battement, et je déglutis avec difficulté. Je ne répondis pas, c'eut été impoli. Mais c'était tout de même un comble. Comme elle n'ajoutait rien, je crus bon de parler à mon tour. Ma voix était tremblante d'une rage contenue :

- Et qui est donc celui que je dois épouser selon vos voeux ?

Elle me fit soudain face, et je vis dans son regard une expression que je n'appréciais guère. J'avais l'impression qu'elle me préparait quelque ignominie. Elle dit alors, prononçant chaque syllabes comme si elles avaient dans sa bouche un goût exquis :

- Le Seigneur Xelan de Kah'Hangaron.

Ce nom éveillait en moi de vagues souvenirs, mais sans que j'arrive à mettre un visage dessus. J'hochais la tête par la négative, et ma mère reprit :

- C'est normal, ma petite, il n'évolue pas dans le même cercle que nous autres... mais il te connais. C'est lui qui m'a soufflé cette idée... son épouse est hélas disparue...

Cette perspective semblait l'enchanter au plus haut degré. Quant à moi, l'idée d'épouser un parfait inconnu ne me plaisait pas vraiment, mais j'avais vu souvent nombre de mes amies être mariées par leur famille, et cela n'avait pas changé grand chose dans leur vie. Tandis que je songeais à tout ceci, Valandra m'exposa son véritable objectif dans cette histoire :

- Ne te rends tu pas compte ? Ton mariage avec ce seigneur nous hissera au rang de la noblesse ! N'est ce pas merveilleux ?

Je haussais les épaules. Elle parut agacée de mon manque d'enthousiasme. Se détournant une nouvelle fois, elle m'annonça :

- J'ai organisé une rencontre demain matin. Tâches d'être chez moi au lever du soleil, nous devons travailler ton apparence. Ne sois pas en retard.

Sur ces considérations, elle me quitta, me laissant seule avec mes appréhensions. Une cloche retentit une seconde fois, annonçant la fin des quartiers libres. Je regagnais lentement le dortoir qui m'était assigné. Je me couchais songeuse, en proie à une colère indicible contre celle qui m'avait mise au monde.
Le lendemain, je me levais avant l'aube, ayant pour habitude de devancer le chant du coq d'au moins une bonne heure. Sans grand enthousiasme, je me dirigeais vers les appartements de ma mère.
Lorsque j'entrais, je trouvais Valandra en grands préparatifs. Elle arborait la même tenue que la veille, et je dus me manifester en toussotant légèrement pour qu'elle remarque ma présence. Elle eut l'air satisfaite de me voir à cette heure matinale, et m'entraîna sans plus tarder dans sa chambre. Le lit n'avait pas été défait, semble t-il, ou venait tout juste d'être refait. Elle m'annonça que j'avais rendez vous pour le milieu de la matinée chez le Seigneur, et que nous devions nous hâter de procéder à mes apprêts.
Elle me fit asseoir sur le lit, et m'exposa différentes tenues, me demandant laquelle je préfèrais. Comme je ne sus pas lui répondre, préférant de loin les tenues plus pratiques, elle choisit à ma place. Je me vis contrainte de revêtir une robe d'apparat qui me couvrait jusqu'aux chevilles, dont les plis retombaient non sans élégance sur mes hanches. Jusqu'ici, cela me convenait. De couleur aubergine, elle possèdait un corset, et je crus étouffer lorsque Valandra en serra les lacets. Il me fallu apprendre sur le tas à respirer là-dedans. Mais ce fut lorsque je me présentais devant le miroir que je changeais d'avis sur cette toilette. Le décolleté dévoilait presque la totalité de ma poitrine fort développée. Je jetais un regard scandalisé à Valandra, qui me regardait avec un large sourire.

- Mais, mère... je ne peux pas y aller comme ça... c'est presque indécent...

Valandra rit de ma pudeur, et refusa de me faire changer de robe, prétextant que nous n'avions plus le temps. Elle me prêta une parure de diamant noirs. Ma colère devait se lire sur mon visage, car elle ne cessa pas de rire jusqu'à ce que nous montions dans le fiacre qui devait nous mener à destination. En sortant de la maison, au passage, je me saisis d'un châle noir, m'en enveloppant pudiquement.

Nous arrivâmes, au bout de plusieurs longues minutes, devant un gigantesque manoir, aussi sombre que l'étaient les ombres du village. Ma mère me fit quelques recommandations que je n'écoutais que d'une oreille distraite. Elle m'annonça que je déjeunerais avec lui et qu'elle reviendrait me chercher dans l'après midi. L'idée de rester seule avec cet inconnu ne me plaisait pas mais je me sentais en confiance : j'avais pris soin, alors que Valandra ne me regardait pas, d'attacher un petit fourreau à ma cuisse, dans laquelle je cachais ma dague.
 
Je descendis du fiacre, et ma mère ordonna au cocher de repartir. Je me trouvais donc seule à l'entrée. Je tirais sur la sonnette.
 
Un serviteur vint m'ouvrir, en livrée noir et argent, et m'entraîna dans un salon luxueux, où je m'assis sur un canapé de brocart. J'attendis comme ceci un bon quart d'heure, jusqu'à ce que la porte s'ouvre de nouveau.
 
Un sombre entra. Il portait une tenue des plus élégantes, mais que je trouvais exagérée pour l'occasion. Je me levais par réflexe et exécutais la révérence martiale que l'on m'avait apprise, ce qui provoqua chez lui un petit rire. Il se dirigea vers une commode d'où il sortit un flacon d'alcool et deux verres.
 
Je le regardais faire sans rien dire, assise sur mon canapé, serrant mon châle autour de moi. Il s'assit sur le fauteuil qui me faisait face, et me tint à peu près ces propos :
 
- Je suis ravi d'enfin vous rencontrer, mademoiselle Valandra.
 
Je ne répondis que par un hochement de tête réservé, mon véritable prénom au bord des lèvres. La discussion se poursuivit, ou plutôt son monologue, car je ne soufflais mot. Il était venu s'asseoir près de moi et ne cessait ses compliments sur ma beauté, et je l'écoutais d'une oreille distraite. C'est alors qu'une phrase attira mon attention.
 
- Je suis heureux de pouvoir enfin vous posséder... vous êtes une oeuvre d'art, Valandra... voilà si longtemps que je vous observe... 

Je tiquais sur le mot « posséder ». De ce que je savais, mes amies mariées pouvaient faire ce que bon leur semblait. Mais apparemment pas lui. Il avait sans doute pour dessein de m'enfermer dans quelque retraite, afin que personne d'autre que lui ne m'approche... quelle présomptuosité ! Comment osait-il ? Cette perspective m'emplit d'horreur, et je prétextais un besoin de me rafraîchir pour sortir du salon. Je ne pouvais vivre ainsi. Je songeais à part moi que personne ne pourrait se revendiquer mon maître. Je décidais donc de partir loin du village et de conserver ma liberté. Si ma mère voulait tant son statut de noble, elle n'avait qu'à l'épouser elle même !
 
Je sortis en catimini du manoir et courut vers la colline toute proche. Lorsque je m'estimais assez loin du domaine, j'attrapais ma dague, et déchirais les pans de ma robe, afin d'être plus libre de mes mouvements. Puis, je pris la direction de la ville de Gludio, convaincue d'y trouver quelque tenue plus pratique au voyage.

Deux missives sont glissées l’une dans l’autre, l’une destinée à Kesthrel, l’autre à Hirildae.




Le 19, de la lune de Mars.


La deuxième missive est écrite d’une main plus assurée, mais différente.



Le 25 de la lune de Mars.

*Cette lettre fut envoyer à Kesthrel deux jours avant l'embarquement de Jil pour sa terre natale. Les esclaves de Kesthrel remirent la lettre à Rakarth car il était la seule personne présente à ce moment.*

Chronique :

« Ib’ahalii ulu Shilen ! »

Ce cri avait résonné longtemps entre les murs en ruine du château de Gludio. Notre Dame avait investi le trône de sa présence… et nous étions en nos murs.

La reconstruction de ce que nous avions détruit prit quelques temps, mais nous y parvînmes avec l’aide des Naines de la Forge des Neiges.
Sur les remparts, contemplant l’horizon, je compris que le souhait de Jallil Valandra, ussta Malla Ilhar, allait se réaliser.
Depuis quelques temps déjà, mes entretiens avec Ush’akal Rakarth s’étaient fait plus profonds, entraînant en moi des emportements que je ne me connaissais guère, comme le remord… en effet, mes relations avec Zavorash s’étant clarifiées, je voyais d’un mauvais œil mon mariage approchant…

Pourtant, après la chute de Gludio entre nos mains, ma résolution était prise. J’étais déterminée à perpétrer le nom de ma famille, et tout faire pour ma cause, coûte que coûte.
Lil Valsharess prononça les serments de mon mariage avec Ush’akal Rakarth dans les heures qui suivirent, et il fallu que nous regagnions nos quartiers…

Ilhar Shilen ! Je n’ai jamais eu autant d’appréhension de ma vie entière… pourtant, le lendemain je m’éveillais, comme semblant éclore dans une nouvelle existence. Mon nouvel époux semblait heureux de devoir vivre à mes côtés, et je sentais l’appréhension me quitter peu à peu… car d’autres appels plus urgents résonnaient…

La quantité intense de tâches qui m’attendaient, loin de m’effrayer, me donnait plus de force encore, accentuant ma détermination, me forçant à ne plus penser à mes petits problèmes personnels… j’avais acquis une place au conseil, et la besogne ne manquait pas.

Le temps passait, et j’étais tellement affairée que je n’avait plus guère le temps de rentrer au manoir que j’avais en legs, n’en déplaise à mon époux… je découchais souvent, au château ou ailleurs… il ne m’en faisait pas la remarque, et ce n’est qu’un long moment après que je m’aperçu que lui aussi ne rentrait plus. Où était-il, que faisait-il ? Je n’avais aucun moyen de le savoir, et bien que ceci me chagrinât, pouvais-je vraiment le lui reprocher, moi qui n’était jamais là ?
Je craignais bien que mon mariage ne soit qu’un échec de plus, mais je me gardais bien d’en faire part à qui que ce soit.

Les blessures qu’on nous infligea par la suite aggravèrent la situation. En effet, grâce, ou plutôt à cause d’ Ush’akal Gazaro, nous acceptâmes une rencontre entre notre famille et les priants de Lloth. La discussion tourna rapidement à un affrontement, ni l’un ni l’autre ne voulant céder sur la supériorité de l’une ou l’autre déesse… hélas, alors que nous nous préparions au combat, un étrange pressentiment naquit en moi, me hurlant que nous ne trouverions que mort à sortir de ce lieu sacré… et mon intuition ne m’avait pas trompé. Pourtant, nous n’aurions pas fui. Courageusement, Malla Jil, Jallil Trysha, Jallil Ynirail et moi nous lançâmes à l’assaut du nombre…

Je maudit toutes les nuits ces chiens de Lloth, les plus lâches et les plus fourbes, qui nous mirent à terre un à un… je tombais la dernière, avec la vision des corps blessés de mes amis, gisant à terre dans leur sang…

Ib’ahalii ulu Shilen !

Cet assaut ne nous fut pas fatal. Nous regagnâmes notre château, faibles et meurtris, mais vivants. Je ne peux m’empêcher d’en vouloir à Ush’akal Gazaro, qui nous lança dans ce piège…. Je me jure de le lui faire payer ! Ce traître a désormais rejoins les rangs ennemis… portant la confirmation de ce que je pensais ! Sa trahison était orchestrée depuis le début, j’en suis sûre…


Après le départ de Gazaro, les évènements se précipitèrent. Je découvris une source d’informations précieuses qui me cause au moins autant de soucis, bien que j’essaye d’y faire face. Ces temps troublés furent marqués par le retour de Jil, qui avait mystérieusement disparu pour une mission obscure que j’ignorais. Quoi qu’il en soit, cette mission avait été un échec. Des noms, seulement des noms, que j’avais déjà…

La guerre entre les Amandils et les naines de la Forge avait été déclenchée, nous entraînant dans ce conflit. C’était une évidence… ces immondes pâles étaient nos ennemis de toujours… il était hors de question que nous les laissions faire…
Le traité de non-agression avec la Nouvelle Aube avançait lentement mais sûrement, et les négociations, malgré les différents qui nous avaient opposés, allaient bon train. Je jouis de l’amitié de nombreux de leurs membres… parmi eux Torak. Je ne sais comment il en est venu là… mais il m’a fait sa déclaration, après quelques temps à se parler… ma situation compliquée, mon rang et mon état m’ont obligé à le repousser.
Le membre de leur conseil que je fréquente le plus est le maître Durin… nous avons beaucoup de choses en commun… même s’il est du peuple nain. Cela ne cesse de m’étonner…

Les conflits politiques ne me laissaient pas le loisir de penser à moi… et c’était tant mieux. La « guérisseuse » que j’avais vue… avait confirmé mes craintes. Par Shilen, j’attend un enfant… cet enfant causera ma perte, pourtant je n’ai pas le cœur à l’anéantir… le sang de ma famille, je l’espère, sera assez puissant pour dissimuler d’éventuelles caractéristiques indésirables… j’ai tellement honte ! Moi qui vantait la vertu, je n’ai pas même su me garantir de cela… pourtant je n’ai pas le temps de me préoccuper de cela… les choses bougent et je ne dois pas relâcher mon attention…

De grands troubles se préparent. Ne faiblissons pas. Je le ferais.

Ka Shilen zhah xuil uns'aa… Usstan orn xun ol !!
Lu' Shilen orn ultrinnan !!!

Le froid régnait dans le sombre cachot du château de Gludio. Kesthrel s'éveilla pourtant, le front trempé de sueur. Elle cligna des yeux dans la pénombre, baissant le regard sur son ventre arrondi, sous des vêtements noirs de sang et en lambeau. Elle entendait le râle sourd des dragons diaboliques, derniers vestiges des légions de Ciar, qu'il avait laissé pour s'assurer de la fidélité des domestiques et des gardes de la Reine. Ceux ci se voyaient contraints d'obéir sans rechigner, sous peine de voir leur conseillère être maltraitée.

Kesthrel avait été fort surprise de voir la douceur avec laquelle Ciar l'avait traitée. Soit qu'elle reconnût partager sa condition de femme, soit qu'elle conçut de la pitié pour la vie de l'enfant qu'elle portait... quoiqu'il en soit, elle avait permi la survie de l'enfant à venir, et Kesthrel l'a remerciait pour cela, bien qu'elle ne comprît pas exactement ce geste. Partagée entre son devoir et sa gratitude, elle se voyait forcée de reconnaître son devoir plus important et de se jurer de tout faire pour arrêter Ciar. Son emprisonnement rendait la situation plus cruelle encore, puisqu'elle se voyait dans l'impossibilité d'avertir les autres...

L'inquiétude l'a rongeait. Elle n'avait pas revu son époux depuis le commencement de la bataille, alors qu'elle était tombée pour la première fois sur les remparts. La bataille avait été féroce, elle revoyait encore le bruit sourd du bêlier, et les assauts lourds contre le rempart est... il avait finalement cédé, laissant place, dans un nuage de poussière cireuse, aux silhouettes menaçantes des orcs, profilant dans la brume épaisse de la terre leurs masses énormes. Les explosions des bombes concoctées par les nains sifflaient encore à son oreille. Elle avait hurlé ses arcanes dans le déchaînement général, et avait fini par s'effondrer une deuxième fois, le sang se répandant de ses entrailles. La douleur était insoutenable, pourtant, les prières de Lil Valsharess la relevèrent. Elle n'eut pas le temps de pleurer, car, les orcs vaincus grâce à la force de l'alliance, Ciar intervint, déchaînant ses légions. Ils furent bientôt submergés, et les forces alliées furent jetées à terre.
Kesthrel tomba, puis la Reine, et tous leurs compagnons d'infortune. Le château n'était que ruine, dévasté par la sauvagerie.

Les orcs furent relevés un à un, tandis que Kesthrel, tel un pantin désarticulé, était mise debout par la magie de Ciar, en guise d'humiliation, qui lui demanda d'aller chercher la Reine. Les alliés encore debout prirent la fuite, et personne ne leur en tint rigueur. La bataille était perdue, Gludio était tombée.
Pratiquement sans conscience, on les traîna toutes deux jusqu'à la salle du trône, où les attendait Ciar. Quelques prisonniers furent fait, puis libérés. Une longue discussion s'engagea au cours de laquelle des négociations furent tentées, bien qu'infructueuses.

Le Roi d'Aden fit son apparition, lançant un défi audacieux au tyran. Il ne fut pas écouté, et fut éconduit rapidement. Kesthrel luttait pour rester debout tandis que la Reine subissait les sévices de Ciar... elle en porta la marque. La sombre, impuissante, regardait faire à celle qu'elle servait et qu'elle honorait par dessus tout les pires outrages, pour venir à la conclusion qu'en gage de sa bonne foi, Hirildae Del Aelyval laisserait l'un de ses sujets. Kesthrel était toute désignée. Lil Valsharess s'en fut alors, et Kesthrel ressentit alors toute l'amertume de sa condition.

Les regards de certains orcs s'étaient fait lubriques, à la vue de cette femme à leur merci, sans défense et sans pouvoir de contestation. Mais Ciar décréta fermement qu'elle voulait qu'aucun mal ne lui soit fait quant à son intégrité physique. Cependant, il laissa un doute sur sa condition de femme.
Kesthrel ne reçut pas de visites importunes, et elle en remercia Shilen, qu'elle priait tous les jours. Elle souhaitait ardemment que son mari aie survécu, et que sa bien-aimée Reine trouve une brillante idée pour les sortir de ce mauvais pas : Ciar avait été sourde à toutes leurs propositions.

Pourtant, Kesthrel savait. Kesthrel et la Reine, qu'elle avait aussitôt informé de tout, connaissaient l'emplacement et le détenteur de Syn. Elle avait rencontré Eveara, la vieille elfe, qui leur avait expliqué comment vaincre Ciar...la sceller dans le Sarith... trouver ce dernier, pratiquement achevé, répondant au nom de Danach... pourtant, elle l'entendait encore, ce chant.

« Par delà le désert des mers gelées, j'ai porté des navires qui partaient guerroyer.... » Chantonnait-elle au fond de ses propres geôles.

Elle savait qu'il lui fallait informer Walorka au plus vite. Ils avaient de moins en moins de temps. Kesthrel enrageait de son impuissance, mais, malgré la guérison de ses blessures, elle se sentait très affaiblie. Elle espérait sa Reine en sécurité, ses compagnons peut-être réfugiés chez les soldats de la Nouvelle Aube... elle savait au moins que son dernier refuge, la résidence cachée de Parnassus, demeurait intacte. Si Rakarth était vivant, il devait y être.

Kesthrel remonta ses genoux contre sa poitrine et y posa son front. Plus que deux jours maintenant...